Au bon vivant. Promotion du jour : deux articles achetés le troisième offert

'Au bon vivant' était une bonne boutique de Schéol. Ce n'était ni luxe ni misère. Une boutique presque moyenne où l'on trouvait de tout, au contraire de ce qu'annonçait l'enseigne bien entretenue au dessus de l'entrée. Ce magasin était perdu au milieu des autres du quartier. Mais la bonne qualité générale des esclaves commençait à se transmettre par le bouche à oreille. Certes, il y avait parfois quelques ratés mais on trouvait tout de même davantage de 'perles'. Les perles en question étaient de différents types : parfois il s'agissait d'une esclave particulièrement rebelle, parfois particulièrement soumis.

Ashmay faisait partit de la seconde catégorie. Il était même excellent dans ce domaine, l'idée de liberté lui étant presque étrangère, pour ne pas dire étrange. Une odeur de nourriture appétissante vint lui chatouiller les narines et le réveiller. Le rituel du matin était en marche dans la boutique. Pour le maître, il fallait s’occuper des esclaves, les rendre présentable, ‘calmer’ certains d’entre eux, réveiller certains autres, soigner ce qui n’allait pas et ainsi de suite. Pour ce marchand attentif à la qualité de sa marchandise, les tâches étaient nombreuses. Ashmay lui, s’attardait sur un autre rituel matinal. Il porta son inhalateur à sa bouche, vida ses poumons avant de les remplir de cet air pur qui lui permettait de respirer. Il ferma un instant les yeux de contentement et de sérénité.

Il les rouvrit lorsqu’on lui tendit sa gamelle. Il s’en empara et commença à manger. Le repos qu’il appréciait se finit malheureusement trop rapidement et ils durent changer de place, passant de l’arrière salle à la boutique d’exposition pour les esclaves aptes à être vendus. Par les nouvelles lois de l’oligarchie en place, tous les esclaves en vente devaient être correctement attachés suite à une récente tragédie. Comme toute loi, évidemment, certains ne respectaient pas cela. C’était auparavant une technique de vente très répandu que de laisser les dociles libres de toute entrave afin de démontrer leur bonne volonté. Beaucoup restaient encore libre mais le maître de maison, N’Djamena, était prudent et savait exploiter les limites de la loi plutôt que de risquer de payer une forte amende.

Ashmay s’installa dans un coin juste en face de la porte à côté d’une pancarte sur pied ouvragée qui indiquait son nom et ses nombreuses qualités. Comme tout marchand qui se respecte, les défauts étiaent passé sous silence, même si son asthme assez visible si on l'examinait un peu était facilement révélé. Il s’attacha lui-même au poignet une ficelle ridicule qu’avec un peu de volonté n’importe qui pouvait briser. La ficelle, quant à elle, était reliée à la pancarte. L’esclave s’installa bien, à son avantage, se passa les mains dans les cheveux afin d’être présentable et fit ce qu’il y avait à faire dès l’ouverture : attendre.



[alors Gabrielle et EddIE, je vous attends. ^^ Tout autre intéressé peu évidemment venir. N'oubliez pas de faire vos posts en fonction du nombre de joueurs. ^^']

[Pitie! Eddie! Pas Eddy! ^^ Bon... A nous deux, petit...]

Quelle belle journee! Splendide, meme. Un grand sourire, habituel d'ailleurs, ornait le visage pale d'Eddie Dean lorsqu'il se promenait dans les rues du Tartare. Ce nom lui faisait toujours penser a un plat, qu'il appreciait particulierement. Il y pensa et rit de bon coeur, poussant les portes de la boutique 'Au bon vivant'. Nom encore plus ridicule selon lui, vu que les vivants ne sont jamais bons. Ils sont obeissants, mais bons? Peut-etre avec de la sauce tartare... Ce jeu de mots, quelque peu douteux fit retentir son rire doux et charmant dans tout l'etablissement. Une fois tous les regards sur lui, le petit homme gratifia tout le monde d'un grand sourire. Miracle, personne ne le regarda comme un paysan a la cour royale. Au contraire, plusieurs personnes sourirent lui adressans des signes de tete.

"Bonjour!"

La voix de charmeur fit son effet, le marchand ne fut pas le seul a repondre. Les autres clients et meme certains esclaves, repondirent a son salut general. Eddie mit ses mains dans le dos et commenca a se promener, observant la marchandise, qu'on disait de bonne qualite par ici.

L'escroc enait de realiser une affaire plutot juteuse et se retrouvait en possession d'un capital interessant. Il y avait de quoi realiser des encheres, s'il le fallait. Un vieux noble lui confia une partie de sa fortune, croyant investir. Mais cet investissement n'allait apporter des interrets qu'a la petite ame qui decida de s'acheter un nouvel esclave. Bien que l'idee de l'esclavage lui plaisait enormement, il devait d'abord s'installer et comprendre le systeme avant de se lancer dans quelque chose d'aussi important.

Plusieurs esclaves attirerent son attention. Un vivant, grand et muscle, serait un jouet ideal. Eddie riait deja du contrast qu'ils pourraient consituer a deux. Seulement, son ancien maitre lui avait arrache la langue et le futur maitre avait plutot besoin de quelqu'un qui pouvait parler mieux que cela.
Ensuite, son regard rouge fut attire par une petite fille, ombre, qui etait attachee par le cou et les chevilles. Elle aurait pu se montrer interessante, mais elle devait etre du genre violente. Et Eddie n'avait pas envie de gaspiller ses dons pour la remattre en place tout le temps.

Enfin, il arriva dans un coin, pres d'un esclave grand, un peu maigre, mais ca ne posait pas de problemes. Ce qui agrandit le sourire maladif de Dean etait le corne qui ornait le front de la marchandise. Il s'approcha et tatonna un peu pour voir si elle etait bien vraie. Habitue aux arnaques, il n'avait pas envie d'en etre la victime.

Sa voix amusee retentit encore dans la piece.

"C'est une vraie?!"

En effet, cela en etait une vraie. Le marchand arriv pour dire que c'etait vrai et pour vanter les qualites de l'esclave qui s'appellait Ashmay, a croire le panneau explicatif. Dans la conversation, menee avec habilite d'un vieux diplomate, Eddie apprit que le seul defaut de cet homme, soumis autant que possible, etait l'asthme. Ce "defaut" amusa Eddie au plus haut point. Un mort-malade! C'etait risible.

Le petit homme aux cheveux noirs se pencha vers Ashmay et, le fixant dans les yeux d'un regard irresistible il murmura:

"Tu as envie de venir avec moi, n'est-ce pas?"

Eddie n'utilisa pas son pouvoir, pas entierement. Il lui donna l'envie, mais n'envahit pas son esprit entierement. Il vint juste le caresser un peu. Les yeux, plonges dans ceux de l'esclave, il attendait une reponse. Les deux points rouges, hypnotiques, captaient l'attention, sans forcer a leur obeir. Pas encore... Le temps viendrait pour un spectacle de marionnettes aussi...

Les fins rayons du soleil venaient frapper contre les vitres de la demeure de la famille Queensbury. Chauffant par la même occasion toutes les pièces accessibles par la lumière du petit matin. Gabrielle, paisiblement lovée dans ses couvertures, n’eut peine à ouvrir les yeux aux chants incessant des oiseaux qui trônaient fièrement sur les plus hautes branches du vieux chêne juste en face de la fenêtre de sa chambre. Décidant enfin de se lever, elle descendit vêtue d’une simple nuisette qui lui arrivait à mi-cuisse.

Accueillie comme il se doit –comme presque tous les matins d’ailleurs- par les exclamations de joies du jeune bambin de la famille. Le cousin de Gabrielle était de nature curieuse et dynamique. Peut-être même un peu trop. La voix de l’ancêtre retentit de l’autre bout de la pièce :

« Gabirelle, j’aimerai que tu ailles au Souk, au magasin ‘’Au Bon Vivant’’ faire quelques emplettes »

Au bon vivant ? Le magasin d’esclaves. La jeune fille n’avait pas pour habitude de fréquenter ce milieu un peu trop peuplé à son goût, de plus, il lui semblait que la famille avait assez d’asservis. Ne répondant pas à la demande, trop occupée à éloigner Martin à vrai dire.

« Et tu auras le droit d’en faire ce que tu veux … »

Gabrielle s’arrêta tout de suite, fixant avec avidité la Grand-Mère. L’œil cynique, cela faisait en effet, assez longtemps que la jeune femme n’avait pas profité d’un bon amusement. Entre chat et souris. Il lui fallait bien entendu son souffre-douleur. Mais cela ne restait qu’une négociation, un pari. L’esclave allait d’abord servir un peu à la famille avant de passer entre les fines mains de la Libre. L’idée qu’elle puisse prendre possession une nouvelle fois d’un esclave était très tentant, mais le côté noir de la chose, était tel qu’elle n’avait pas très envie de se déplacer pour « ça ». Rebutant la situation, elle en concluait donc que cela serait d’un ennuie royal.

Après le petit déjeuner, qui d’ailleurs avait été excellent –préparer par un esclave-, Gabrielle se leva de table sans bruit et remonta se changer pour ensuite revenir en bas. Elle avait mainte fois vu son grand-père marchander avec des marchands. L’argent, il n’y avait que ça pour ces gens là. Bien que la famille ne manquait nullement de richesse, le choix d’un esclave devait être minutieusement étudié.

Avant de partir pour le Tartare, quelques conseils se firent entendre, ainsi que l’accompagnement du jeune Martin. Gabrielle n’eut pas le choix, elle acquiesça sans broncher. Sur le chemin, le bambin avait l’air un peu surexcité à l’idée de voir des soumis enchaîner -à croire que le sadisme était de famille-.

« Oh dit Gabrielle ! Je pourrai jouer avec ??!! S’teu plaiiiiit ! »

Le garçon ne se prit qu’une petite baffe derrière la tête. L’esclave était majoritairement pour le divertissement de l’Ame en aucun cas, elle donnerait la permission à son cousin de s’affranchir le futur joujou. Soyons sincère, le fait d’avoir un nouvel esclave était un peu égal à Gabrielle. Mais bon, de bon cœur …

Beaucoup de gens circulaient dans les rues, ce qui importunait déjà d’avance la libre. Martin lui, marchait une drôle de matière … un chewing gum ? Qu’importe, Gabrielle n’aimait pas le bruit que provoquait l’explosion des bulles d’air. Le magasin était à porté de vue, le petit groupe se faufila entre la foule pour enfin poser main sur la porte. Un ‘’Clin’’ retentit, annonçant l’arrivé de nouveau client. Cherchant rapidement du regard un esclave potentiel de lui plaire. Elle passa rapidement en revue le type de marchandise. S’approchant curieusement d’une vivante, hors de question pour Gabrielle, les femelles ne servent qu’au ménage et aux cuisines. Un mâle par contre … La vivante fixait le sol, étant plutôt maigre, Gabrielle fit deux fois le tour de la question pour passer à autre chose.

De son côté, Martin regardait avec joies les créatures. Montrant par la même occasion sa supériorité d’Ame maître à une jeune Ombre au caractère bien trempé.

Les yeux de la Libre, se portèrent sur un homme. Point très grand, il observait avec attention une marchandise potentiellement bonne. Petit sourire aux lèvres, elle reconnut l’Ombre nommé Ashmay. Tranquillement installé, n’attendant qu’être vendu.

"Tu as envie de venir avec moi, n'est-ce pas?"

Ruse pour ruse, de tout ce qu’elle a pu voir, aucun esclave ne lui plaisait vraiment. Elle connaissait le grand blond et savait qu’il était d’un tempérament enjouer. En se glissant légèrement aux côtés de l’homme –qui semblait être aussi une Ame-, la jeune fille murmura :

« Mon bon Monsieur, depuis quand demande-t-on à un esclave s’il veut d’un maître ? »

La loi disait, la loi était clair : Chose vendue n’a point de mot à dire. Elle suivait, obéissait. C’était tout. Elle trouva la demande assez drôle et un peu stupide en même temps. Ashmay n’avait rien à dire, il devait être soumis rien de plus …

Le bambin arriva d’on ne sait où. Fixant de ces grands yeux bleus l’esclave tout en faisant exploser des bulles sous son nez, sa réaction fut immédiate. Il se tourna vers sa cousine et cria presque :

« On le prend dit !! J’aime bien sa corne ! JE LE VEUX !!!! »

L’Ame reporta son regard sur l’asservis, il ne risquait pas de déranger bien grand monde. Etant côte à côte avec un autre acheteur potentiel, Gabrielle appela le marchand. Elle discuta un long instant avec
N’Djamena. Le prix pour l’achat d’Ashmay lui était égal, elle était prête à mettre le prix fort pour obtenir ce qu’elle voulait.

Comme depuis deux jours, Ashmay essayait de se mettre en valeur pour arranger au mieux son maître du moment, N’Djamena qui était occupé à ce moment avec une petite vieille desséchée et fort ridée très intéressée par un esclave noir et de grande taille. Une bonne partie des esclaves dans la pièce souriaient en coin. Le black en question un peu moins par contre. Le carillon sonna et quelques têtes se tournèrent vers le nouvel arrivant. Un type, plutôt petit au sourire resplendissant. Ashmay baissa la tête et souhaita tout de même bonjour à cette en réponse qu’il avait faite. Il fallait dire qu’il avait l’air sympathique. Ashmay le regarda s’intéresser aux autres esclaves. Il baissa la tête, espérant secrètement qu’il s’attarderait sur lui. Peut-être même pourrait-il être acheté par cet homme ? L’ombre l’aurait bien voulu. Un homme qui pouvait sourire aussi généreusement sans même connaître ceux à qui il adressait ce sourire ne pouvait être qu’un homme bon. Ashmay se laissa aller à rêvasser aux nouveaux plats de poisson qu’il lui cuisinerait s’il l’achetait. Il voyait bien une Dorade infernale en papillote aux petits légumes et aux insectes sur lit de trois riz. Mmmh, oui cela pourrait lui faire plaisir.

Le blond sursauta sur son siège lorsqu’il sentit qu’on lui tripotait la corne. Il baissa les yeux et la tête, se laissant faire. Il aurait bien hoché de la tête pour répondre à la question qui suivit mais il tenait encore sa corne et N’Djamena en ayant fini avec le black et la vieille qui souriait jusqu’aux oreilles (ce n’était d’ailleurs pas bien dur vu la longueur : les boucles, ça tire et ça affaisse avec la vieillesse) s’avançait donc vers eux à grands pas. Il en profita pour commencer à venter son produit. Certes, le prix était très cher mais il n’y avait pas plus docile. A la limite, il pouvait accorder une ristourne à cause de son état de santé.

« Je vous laisse réfléchir un instant, Monsieur, je reviens de suite. Je m’occupe de Madame. »

Termina t-il en indiquant d’un geste large de la main une âme typique de la ménagère de cinquante ans qui, par de là la mort, n’avait malheureusement pas disparu. Elle voulait un article solide et fort pour… Ashmay n’entendit pas la suite. Il vit un buste se pencher. Assurément, l’acheteur probable voulait le regarder. Il releva donc la tête et plongea ses yeux dans ses pupilles rouges.

Un frisson parcouru l’échine de l’esclave. Deux autres yeux rouges. Dans un certain sens, cet homme qu’il présumait bon et lui, odieuse petit larve enchaînée, avaient quelques points commun. Sauf qu’il ne pouvait pas se comparer à un Maître. Il aurait voulu baisser les yeux mais il ne voulait pas ni ne pouvait. Les convenances… et une autre chose qu’il n’arrivait pas vraiment à deviner. Le regard de cet homme, toute sa physionomie engageante et ce sourire généreux lors de son arrivée ne lui donnait envie de répondre qu’une chose à la question qui lui était posée. Mais il ne put la dire. Une voix étrangement familière lui apparut et il se redressa de surprise avant de pencher la tête.

On lui avait posé une question, il se devait de répondre.

« Hélas, Monsieur. Mada ! Euh… Enfin, cette dame a raison. Je ne puis suivre que celui qui m’achètera. Peu importe mon avis, seul le prix comptera. Je ne puis que vous conseiller d’appeler Monsieur N’Djamena. Mais je suis à votre disposition si vous voulez vérifier mon état avant son retour… Ou si vous voulez savoir quoi que ce soit sur moi, bien entendu.»

Termina t-il dans un grand sourire à l’intention des deux libres qui se trouvaient devant lui. Il avait hésité. Comment devait-il appeler cette fille désormais ? Avant qu’elle n’ait disparue, elle lui avait interdit de l’appeler ainsi. Mais il avait beau eu hésiter à un moment, il avait vite repris sa joie et sa bonhomie naturelle. Le sourire fut estompé un instant à l’apparition d’une explosion sonore qui le surprit. Il baissa les yeux –et pour une fois non par soumission, c’était à noter- et vit un gamin dont la voix lui rappela un épisode qui lui donna des frissons. Par réflexe, il passa les doigts sur l’une des rares traces qui restait de l’épisode. Ashmay se demanda un instant quel pouvait bien être le goût du chewing gum du mioche. Pardon, du jeune libre. Cet instant fut interrompu par l’arrivée du commerçant dans un sourire calculé pour n’être ni trop grand ni trop faible.

«Bonjour Madame. Je vois que cet article vous intéresse également.
- Je veux toucher la corne ! Je veux toucher la corne !
- Mais bien sur mon enfant. Ashmay ! »

Pendant que l’esclave se leva puis se mit à genoux pour être accessible au gamin et, connaissant le vendeur, inciter le gamin à se taire, le marchand continua sa diatribe :

« Je vois donc que j’ai affaire à deux connaisseurs. Vous avez raison ! Cette ombre est une perle ! LE produit idéal ! Cela fait plusieurs fois que je l’ai ici et jamais ses anciens maîtres ne s’en sont plains. Normal, me direz-vous ! Cela fait plus de cinq cent ans qu’il est de service. En plus, vous voyez qu’il a un physique des plus original ! Les licornes sont rares ! Même pour Schéol ! A vrai dire, je vais vous faire une confidence ! Avec ma longue carrière de vendeur, je n’en ai jamais vu qu’un ! Celui-là ! »

Désigna-t-il d’un index vers l’inca.

« Ce serait même une pièce unique que je n’en serais pas surpris ! »

Il se dirigea vers la pancarte et la tourna tout en continuant :

« Dans ces conditions là, vous comprendrez parfaitement que les cinq cent piastres initiaux ne valent pas la bête. Ashmey ! Debout ! Vous pouvez toucher, messieurs dames. Déterminez vous-même le prix que vaut cette petit merveille. »

Le geste final avait été engageant pendant que l’esclave se relevait avec soulagement. Le gamin avait été certes tranquille avec sa corne mais trop brusque à son goût. Il n’avait rien dit bien évidemment. Il baissa juste la tête, attendant de voir et surtout d’entendre la suite.

L'esclave etait en train de succomber au charme irresistible lorsuqu'Eddie fut interrompu. Par une femme, plutot grande de son point de vue, accompagnee d'un morveux. La tete blanche de l'homme se tourna vers la nouvelle venue, affichant toujours un sourire a toute epreuve. Elle n'etait surement pas n'importe qui. Sans doute, il s'agissait d'une noble. Encore une aristo coincee qui sortait du Moyen-Age et croyait que la feodalite est toujours de rigueur. La femme n'ayant pas connu Internet de son vivant, n'avait pas a lui parler sur ce ton. Mais, realiste, Dean savait que ce n'etait pas par les insultes qu'on arrive a quoi que ce soit.

L'escroc fit donc une reverence des plus galantes, un peu exageree dans l'ampleur des mouvements, mais parfaitement correcte. Ensuite il s'approcha de l'enfant et, le fixant dans les yeux, il passa sa main pres de son oreille.

"Salut bonhomme! Oh! Mais c'est quoi, ca?"

Un bonbon... Le tour plus vieux que tous les mondes. Mais s'il etait si populaire, c'est parcequ'il marchait toujours avec les enfants. Petit, Eddie s'entendait toujours bien avec les enfants. Le visage de Martin s'illumina lentement. Il engloutit la friandise et s'eloigna de quelques pas cherchant d'autrs bonbons dans ses deux oreilles et bientot aussi dans le nez. Une fois la petite menace a son achat hors d'etat de nuire, le charmeur s'attaqua a la grande. La fixant dans les yeux, mais n'osant pas encore faire usage de son don pour le moment, il prit la parole. La persuasion forcee allait peut-etre venir plus tard...

"Permettez-moi de vous souhaiter une bonne journee, Madame. L'enfant qui vous accompagne est veritablement charmant..."

Mensonge, bien sur. Mais l'art de mentir n'avait plus de secrets pour cet homme qui ne faisait que s'echauffer pour le moment. Il avait l'air si innoffensif et gentil, avec son grand sourire, que s'il disait du bien de quelqu'un, on ne pouvait lui reprocher de ne pas dire la verite.

La remarque de Gabrielle au sujet de l'avis des esclaves etait evidente. Le prenait-elle pour un imbecile? Il savait bien tout cela. Ce n'etait pas une question qu'il posait a l'esclave. Si on le laissait faire, Ashmay dirait oui a tout, le don d'Eddie etait irresistible pour ceux qui etaient depourvus de pouvoirs. Mais l'homme aux yeux rouges passa sous silence ce qu'on lui dit et ne reagit qu'aux paroles de N'Djamena. Sa voix, a l'image de celle des magiciens qu'on pouvait voir a la television a son epauque, retentit dans la piece, y ajoutant de la joie et du charme. Ses gestes etaient ceux d'un polititien qui parle a la foule, grands et attirant l'attention. Plusieurs clients vinrent observer le debut des encheres et les esclaves jettaient des couprs d'oeil de temps en temps, curieux.

"En effet! Je suis persuade que Madame n'hesitera pas a suivre la somme que je vous proposerais dans un instant. Vous avez la un garcon charmant a nous vendre. Piece unique en plus, avec de l'experience... Sa sante peut etre oubliee et je ne vous demanderais pas la moindre risturne. Il est deja mort de toute facon, rien ne lui arrivera de grave."

Dean reprit de l'air dans les pomons. Il sourait encore et toujours, regardant tout le monde a tour de role, dans les yeux, etalant son charme. Il s'attarda sur le marchand et sur sa concurrante, sans pousser plus loin avec son pouvoir, mais n'hesitant pas a faires des moues de tombeur.

"J'ajoute donc un chiffre a la somme initile! 1500 pieces! Cash!"

Il en avait a peu pres cinquante mille sur lui. Craignant que l'aristo en face en aurait plus, il se prepara deja au plan B: cheque signe par l'une de ses fausses identites. Cependant, il fallait s'y mettre doucement. Gabrielle n'hesiterais surement pas a lui faire payer un pareil numero. En dernier recours, il pourrait "persuader" son adversaire de laisser tomber. Il fallait voir ce qu'elle avait a dire pour le moment.

Gardant le silence, sans pour autant en perdre une seule partie de phrase. L’homme à ses côtés était bien plus apte à jouer les bons « marquis » avec notre jeune demoiselle. Mais en aucun cas, elle ne se laissait distraire. Quand au bambin, miraculeusement, il était occupé à regarder d’autres esclaves en secouant ses bonbons sous leur nez.
L’homme voulait donc jouer à se petit jeu là. Pas de problème pour la Libre. Elle ne manquait sûrement pas de ressource en matière de richesse.

"J'ajoute donc un chiffre a la somme initiale! 1500 pièces! Cash!"

Gabrielle observait attentivement l’Ombre. Sa corne était en effet un ornement plus que plaisant. La peau avait l’air assez rude, elle avait eu l’occasion d’y poser ses mains. Un nouvel attrait, et mise à part son asthme qu’il traitait apparemment seul, tout en revient à la même conclusion : Ashmay vallait le prix fort. Sur un ton un détaché et neutre, elle répondit ;

« Je suis prête à mettre le double. »

Dure en affaire. Elle devait sa réciprocité à son grand-père. Lui-même très habile dans ce domaine lors de son jeune temps. Jetant quelques regards sur Martin pour éviter qu’il fasse des bêtises. Elle sentait déjà l’excitation du marchant. L’odeur de la fortune lui montait au nez. L’Ombre avait un succès fou.

Gabrielle pouvait facilement l’abandonné et en prendre un autre, certes, mais lorsqu’elle est lancé dans une négociation, rien ne peut l’arrêter. Restant tout de fois tactique et théorique, elle avait un affreux avantage de par sa classe sociale. Mais, sur ses gardes, se méfiait de l’homme à l’habit sombre. Elle tourna son regard vers l’objet de convoitise. Piteusement attaché à une pancarte, elle se disait qu’elle avait bien de la chance d’être une Ame.

« Alors Monsieur N’Djamena … Le double, le triple … A vous de choisir. »

Elle ne laissait pas vraiment beaucoup d’occasion de prendre la place du maître. Habituellement, c’était son rôle. La jeune femme évitait soigneusement les regards, être fixer était un habitude, mais lorsqu’il s’agit de négociation. L’un de ces aïeux lui avait toujours conseillé de se méfier des autres âmes. Fourbes, mauvais joueur, tous les coups sont bon pour que cela finisse en échec. Autant essayer de tenter le diable …

« Mon Bon Monsieur, si vous me laissez libre accès sur cet Ombre, je vous propose de vous en offrir un autre de votre choix. Qu’importe le montant.. »

La Libre tentait le tout pour le tout. Elle n’y avait de tout évidence rien à y perdre. Mais plutôt tout a y gagner. L’asservis était en jeu, un jeu que Gabrielle refusait de perdre. Peut-on vraiment refuser le champ libre à une femme ?

[Nono passe son tour ;-) A nous deux...]

Eddie serra les dents, cachées par un sourire impossible a effacer de son visage blanc. Ainsi, l'aristo voulait continuer ce duel? Bien. De toute façon, il n'avait rien de prévu pour cette après-midi. Il avait tout son temps. Elle avait surement plus d'argent. Mais était-ce le sien? Ou celui de sa famille? Dans le second cas, elle allait hésiter a en dépenser trop sans permission. Mais que signifiait "trop" dans sa maison? Aucune idée, donc cette idée ne pouvait être retenue comme plan de secours.

Le double, le triple, il pouvait encaisser cela encore. Mais la proposition qu'elle lui fit, d'acheter un autre a la place. Elle le traitait comme un pauvre paysan! Elle le sous-estimait, alors que lui, la prenait au sérieux. Après un petit temps, tout le monde retenait son souffle essayant de deviner a suite des événements, l'escroc fit quelques pas dans la pièce avant de reprendre la parole.

"Cela est fort aimable a vous, Madame. Je pourrait aisément vous retourner cette proposition, pour laquelle je vous remercie. Cependant, il n'y a rien a faire. Je ne veux que cet esclave, je suis arrive premier. Et je mets vingt milles piastres pour l'avoir."

Et Eddie joint le geste a la parole, sortant de ses habits une bourse plaine, contenant la somme dont il parlait. Il en avait encore une deuxième, en plus d'une petite qui contenait la moitie de cette somme. Sans honte ni gène, le petit homme s'approcha du marchand, lui donna la bourse et le fixa dans les yeux, mettant une dose correcte de son pouvoir dans ce qu'il dit, d'une voix plus calme et douce, mais d'autant plus séductrice.

"Cela suffit pour battre toutes les offres. L'esclave est a moi. N'est-ce pas?"

Emerveillé, N'Djamena mit un temps avant d'articuler sa réponse. Le ton de sa voix n'avait rien de naturel au départ. C'est seulement après les quelques premiers mots, qu'il gagna en assurance, toujours sous l'emprise d'Eddie Dean.

"Ou...Oui. Monsieur a gagne les enchères. V... Vendu! Je vous félicite pour cet achat! N'hésitez pas de refaire appel a moi si vous avez besoin d'autres esclaves. Ashmay, Tu vas avec le Monsieur."

Et le marchand s'éloigna, disparaissant hors de la vue des deux clients. Eddie se retourna, d'un coup, vers son adversaire. Il venait de se faire une ennemie parmi les puissants de ce Monde. Cependant, un en plus ou en moins ne faisait plus la différence. Il y en avait déjà tellement...

Alors que Martin, voulant peut-être échapper a la tension qui montait, s'en alla regarder une Ombre enchainée a l'autre bout de la boutique, Dean lança un regard a Gabrielle. Un regard plus autoritaire que charmant. Mettant de la puissance dans sa voix (et tant pis pour la migraine-monstre qui allait lui pourrir au moins deux heures ce soir!) il articula lentement et avec une politesse minimale exigée:

"S'il-vous-plait. Laissez-NOUS passer, Madame."

Oh oui, il allait avoir un sal mal de tete ce soir, quand les limites de son pouvoir se feront sentir. Mais il etait au moins sur d'avoir de l'effet. Eddie ne voulaitpas perdre pres de la moitite de sa petite fortune de ce matin et son honneur aussi. Alors, il mit le paquet. Son pouvoir, surtout a cette intensite, etait captivant, meme pour les gens qui pouvaient avoir le dos tourne. Elle devait le regarder. Et a ce moment-la, elle ne pourrait desobeir. Ce mur de glace feminin, froid et calculateur, allait s'ecrater devant lui et son nouvel esclave.

Sans le regarder, Eddie fit signe a Ashmay de le suivre...

Vingt mille piastres ! Ashmay en était complètement suffoqué. Lui qui trouvait déjà que cinq cent piastres était un prix exorbitant, il était vendu à vingt mille piastres. S’il avait su compter plus que les additions de base il se serait attardé à une division. N’Djamena lui indiqua avec qui il devait partir avant de s’éclipser lui-même vers un autre client. Ashmay tourna la tête pour le suivre du regard. C’était étrange qu’il s’en aille ainsi sans même féliciter son acquéreur. Il le faisait pourtant pour des sommes assez grosses. Et si là, ce n’en était pas ! Et bien… L’africain s’éclipsa un instant dans l’arrière boutique. Le coffre devait sûrement être ouvert. Ashmay persistait à penser que son comportement était étrange, sans constater plus loin ou en déduire quoi que ce soit. Quelle importance après tout ?

Il reporta son visage souriant sur son nouveau maître. Là, c’était l’important. Cet homme au sourire si bienveillant, si merveilleux était son nouveau maître. Il sentit son cœur se serrer un peu. Il resta là. Souvent les maîtres aimaient détacher eux-mêmes leur esclave. Mais là, rien. Il fallait dire qu’il était occupé ailleurs. Le ailleurs en question étant la fille du marais. Il ne se souvenait plus de son nom. Le lui avait-elle même donné ? En tout cas, il frémit devant le regard que lui lançait son nouveau maître. Un regard qui montrait que grandeur d’âme et générosité pouvait aller de pair avec fermeté. Ashmay se sentait subjugué par son nouveau maître. Une telle prestance ne pouvait appartenir qu’à un maître. Et ce maître c’était le sien. Il en aurait bondit de joie. Il se contenta de rester debout. Cet émerveillement dut cesser lorsque son maître l’intima à le suivre. Il commença à marcher et s’arrêta assez vite, se retourna et fit deux pas raide pour rattraper le panneau qui tombait. Il le remit sur pied, contemplant les écritures indéchiffrables. Il savait que dessus était marqué le prix de cinq cent piastres. Cinq cent piastres… Le chiffre paraissait ridicule désormais. Il entendit les pas de son maître dans son dos et se précipita pour enlever la ficelle de son poignet. Dans son affolement, il serra un peu plus le lien et perdit quelques instants à finalement se dégager. Il jet un coup d’œil rapide par-dessus son épaule pour ne pas perdre de vue son maître. Puis il lâcha un petit cri de joie une fois qu’il eut réussi à vaincre la malédiction de la ficelle.

Il se redressa, fit demi-tour et commença à courir vers son propriétaire, ses cheveux volant un peu derrière lui. A hauteur de la fille, il ne put s’empêcher de ralentir, de baisser les yeux et de s’arrêter un instant :

« Je suis désolé, Madame. Je suis persuadé que vous trouverez un article qui vous satisfera encore mieux que je ne l’aurais pu. Je vous souhaite une bonne journée. »

Il termina par une petite courbette et se redressa vite, courant rejoindre qui de droit. Le bruit de ses sandales de corde disparût rapidement. Il n’avait pas jeté un regard supplémentaire vers l’arrière.

[Suite: par ICI]

[Hs: Désolé pour the time de réponse >< ]

Passive et neutre, Gabrielle trouva le jeu fort ennuyant. L’homme qui revendiquait son droit de possession sur l’Ombre, lui paraissait presque … Enfantin. Premier ou dernier qu’importe, le plus haut prix mérite le bien. N’était-ce donc point le but d’un souk ? La vente d’esclave. Mais, plus les prix étaient hauts, plus le marchant tremblait de plaisir. Dans ce cas si, cette règle n’était point appliquée. Rebutant la jeune fille, elle n’avait rien perdu le jeu n’en valait pas plus la peine. Règle non appliquée, elle se contenta de rester fixe en attendant que les deux individus quittent le magasin.

La jeune femme se retourna vers le commerçant. Celui-ci, un peu mal à l’aise d’avoir abandonner une somme plus que probable de sa part, baissa les yeux honteux. Mais Gabrielle n’en fit rien, cherchant du regard un esclave de base.

« Mademoiselle je … »

Pas un mot, elle le stoppa directement en ne lui lançant qu’un seul regard légèrement froid. De son côté, Martin n’avait pas l’air de trouver un asservis à son goût. Jeune et pourtant si innocent aux yeux du monde.

« J’ose supposer que vous avez tout de même un esclave capable d’aider pour les tâches extérieurs »

Le marchand retrouva un peu de son assurance face à la jeune femme. L’homme en question lui proposa d’abord une esclave de type nomade, habituée à chercher tout ce que lui demandait son maître. Gabrielle dédaigna, un mâle était plus pratique d’une femelle pour les tâches externes. Ses yeux se posèrent sur une Ombre mâle assez costaud à la peau métissée.

Se tenant devant lui, la jeune femme l’observait d’un peu plus près. Loin d’avoir la carrure d’un fragile, l’œil obéissant. Parfait.

« 1000 Pièces. Et pas une de plus. »

Oserait-il protester ? Bien sûr que non. Acceptant ainsi le montant fixer par la demoiselle. Martin arriva en trottinant et se planta devant « Daysh ». L’esclave en question était assis sur le sol, le regard inexpressif, mais loin d’être trompeur pour la demoiselle. Passé étiolé, elle s’en imaginait déjà mille et une tortures et souffrances à son égard.

L’Ame laissa le soin à son cousin de le détacher. Le petit groupe composé à présent de trois personnes, sortirent pour se baigner dans la foule de paysan. A mi chemin de la demeure familiale, Gabrielle stoppa son pas. Annonçant aux deux suiveurs qu’elle avait une course de dernière minutes à faire.

« Daysh, quand tu seras dans ton nouveau chez toi. Avertis les anciens que je ne renterai pas de suite. »

Tournant ses talons, le seul but de cette exploitation n’était autre que pour un moment de solitude. La jeune femme n’avait cette fois-ci pas envie de s’ennuyer à entendre les ragots de son cousin sur ce qu’il venait de se passer.

Le temps était toujours aussi doux qu’en début de matinée …