La politique à Schéol est le résultat d'une longue évolution. Elle doit en effet gérer les milliards d'âmes et d'ombres qui peuplent l'endroit ainsi que les quelques milliers de vivants. Elle doit également composer avec les âmes qui de leurs vivants étaient dictateurs, dirigeants et tyrants qui essaient à tout prix de retrouver sur Schéol leur pouvoir perdu. Du fait de tous ces intérêts divergeants, le système a essayé de composer au mieux. Il est complexe et malheureusement défaillant. La corruption et les complots fleurissent en tout endroit et les âmes disposant du devoir civique ne correspond pas forcément à ceux possédant le pouvoir.
Il existe à Schéol trois pouvoirs séparés : le judiciaire, le législatif et l'exécutif par ordre croissant d'importance.
Le pouvoir judiciaire est exercé localement. Pour chaque district de la ville est nommé un juge suprême par le sénat (pouvoir exécutif). Chaque juge dirige la justice dans son district. En fonction de la population de celle ci, il peut se faire aider par des juges assistants. Ainsi, dans le district des champs élysées, le moins dense, il y a trois assistants tandis que dans le district le plus dense du tartare, il y a un juge suprême pour 16 000 juges assistants.
Ces juges ont pour mission de régler les conflits mais une rumeur persistante indique que la justice diffère selon le don fait au juge se chargeant de l'affaire. Mais attention, toute corruption, active ou passive, est passible d'un siècle d'emprisonnement et de 16 000 piastres d'amende.
Le pouvoir législatif est dirigé par deux chambres. Chaque loi est proposée par l'une des deux chambres puis envoyée à l'autre chambre. Si la chambre est d'accord à son tour alors le texte est adopté et applicable dès parution dans le journal législatif. Sinon, la seconde chambre propose un amendement et le texte est réenvoyé dans la première chambre pour vérification et accord ou nouvel amendement et nouvel envoi près de la deuxième chambre. Le nombre de trajets n'est pas fixé mais dix trajets maximum sont généralement admis pour les textes sans importance particulière.
Il est à noter que chaque loi votée peut être reprise et repasser en chambre deux ans après sa parution au journal législatif, permettant ainsi à certaines lois controversées ou procurant d'énormes avantages matériels convoités par différentes parties d'être remises en cause.
La première chambre est la chambre haute composée d'à peine quelques dizaines de membres. Ces membres font absolument partie de la noblesse et les postes sont attribués 'à mort'. En réalité, le taux de disparition des membres est parmi les plus élevés de Schéol. En effet : la définition de l'aristocratie variant selon les civilisations vivantes, beaucoup d'âmes peuvent prétendre à ces postes dès lors fort convoités. Il n'est pas rare de voir ces membres avec leurs propres services de sécurité, en faisant une industrie prospère. Lors d'un changement, le successeur est nommé par ses pairs dans une liste de candidats. Ainsi, les membres survivants sont souvent payés pour choisir tel ou tel candidat. L'enquête policière concernant la mort d'Ahmed ben Salhad suspecta fortement le membre de chambre siou Flèche-agile en tant que commanditaire du meurtre afin de récupérer les pots de vin du successeur. Les preuves disparurent mystérieusement et l'affaire fut classée sans suite.
La seconde chambre est la chambre basse. Elle est composée de 356 membres. Le chiffre est resté stable malgré l'explosion démographique depuis le XVIII ème siècle, la raison étant principalement que les membres sont élus pour une durée de dix siècles et que les droits associés à ces postes sont faroucheusement gardés par les membres. Ceux ci sont élus exclusivement parmi le peuple commun. Ironie du sort : le large salaire attribué à ces fonctions ainsi que les pots de vins les éloignent ensuite définitivement de ce statut. Le dixième de la chambre est renouvelé tous les siècles, suite aux oracles faits par Alexandre le jeune lors d'un amendement de la constitution schéolienne. Depuis l'assassinat de don Julio y Cervez voulant remettre en cause ce point, plus personne n'a l'idée de vouloir changer cette durée.
Les élections et par conséquent le fonctionnement de la chambre basse ont atteints une complexité inouïe depuis deux siècles. Il existe une multitude de petits partis politique dont aucun n'a la puissance nécessaire pour ne pas devoir s'allier avec d'autres. Une fois que les négociations internes se sont faites pour décider avec quel parti s'allier, chaque partie organise des élections parmi ses adhérents pour choisir un candidat aux élections du groupement de partis. Une seconde élection sera ensuite faite. Plusieurs élections d'adhérents ont ensuite lieu jusqu'à ce que les groupements composés soient suffisament importants pour atteindre une dizaine de candidats pour chaque poste à renouveler. A cette dernière élections, toutes les âmes de Schéol appartenant au peuple sont invitées à voter. Sont écartées bien evidemment les nobles et les esclaves.
Il est à noter que dans certains districts, un système parallèle de suffrage indirect est en train d'être mis en place afin de clarifier les choses. A cette initiative comliquant davantage la situation, la phrase du membre de la chambre haute Lord Henry Corn est resté celèbre dans les annales : 'mais quel foutoir, ce bordel !'
Le pouvoir exécutif est le plus puissant d'entre tous. Il dirige en particulier les services de police et le budget ainsi que les services publics et la politique courante. Le sénat en est l'organe. Il est constitué de quelques centaines de sénateurs parmi lesquel sont élus trois triumvirats, trois sénateurs chefs entre les chefs, prenant les décisions les plus importantes. Le terme triumvirat désigne aussi bien chacun des sénateurs que l'ensemble des trois. Le triumvirats est élus pour une durée de trente siècles mais une proportion non négligeable ne termine pas leur mandat. Outre le pouvoir décisionnel, ces magistrats sont les seuls à avoir le contrôle des troupes surveillant le Léthée, disposant là d'une force de frappe non négligeable. Si les troupes sont fidèles aux triumvirats ces derniers ne sont pas forcément des plus intègres. Ainsi, le mandat de Phillipe le Bon fut marqué par la disparition d'un dixième de la population de Schéol. Les neuf dixième restants se révoltèrent achevant ainsi prématurément le mandat de ce triumvirat.
Le sénat est composé de trois type de sénateurs : la moitié est sénateur à titre héréditaire. Chaque famille disposant de ce droit désigne un sénateur. Outre les querelles internes pour avoir ce droit, cette manière de faire priviligie également les génocides. En effet, les conditions pour faire partie de ce groupe sont floues et beaucoup de dynasties peuvent prétendre à ce droit. Théoriquement, les membres du sénat ne sont pas ceux de la chambre haute. Dans la pratique, il existe quelques familles faisant partie des deux commissions. Les familles sont généralement soit riches soit nobles, les deux dans l'idéal.
Un quart des sénateurs est nommé 'à mort'. De même que pour les membres de la chambres haute, ces sénateurs disposent souvent de leur propres services de sécurité. Les sénateurs nommés 'à mort' sont choisis parmi le troisième groupe par le triumvirat.
Le dernier quart des sénateurs est renouvelable. Leur mandat agit pour une durée de cinquante ans. Mandat extrémement court comparé à l'éternité et poussant à l'assassinat contre les sénateurs à mort du deuxième groupe. En effet, parmi ces derniers il y a peu de places et beaucoup de politiciens suffisament doués et ambitieux pour pouvoir y être candidat.
Lun 25 Aoû - 1:01