Un instant de bien être (PV Ashmay)

Elena était venue ici car l'endroit était en parfait accord avec son
état d'esprit du moment: radieux ! C'est bien ce qui était pratique à
Schéol, on trouvait un paysage pour chaque état d'âme.

Mais expliquons d'abord les motif du contentement de notre
demoiselle. Cela faisait moins d'une semaine qu'elle s'était retrouvée
ici et pourtant... Elle avait déjà trouvé tout ce dont elle avait
besoin pour continuer à vivre paisiblement sa vie d'âme. En effet, la
jeune femme avait retrouvé un peu après son arrivée les membres de sa
famille qui s'en été allés avant elle. Dont un certain oncle qui avait
l'habitude de la gâter à mort quand elle était toute petite, elle riait
aux éclats lorsqu'il la lançait dans les airs pour la rattraper au
dernier moment... Enfin cet oncle s'était fait une situation ici en
devenant le propriétaire d'un restaurant très apprécié et il avait été
si joyeux de retrouver sa nièce qu'il lui avait tout de suite dit qu'il
avait bien trop d'argent pour lui seul et qu'il serait ravi de pourvoir
aux besoins de la charmante jeune femme qu'elle était devenue. Oui,
Schéol avait un goût de paradis à présent pour celle qui pourrait y
continuer une existence insouciante. Mais ce n'était pas tout car Elena
venait ce matin même de trouver un petit appartement tout à fait
convenable dans les immeubles de Schéol. Il ne restait plus qu'à
l'arranger à sa manière et elle aurait enfin un "chez elle".

Oui, tout souriait à Elena et elle se mit à sourire elle même en
cueillant une pomme d'un air béat. Vraiment une bonne idée ces arbres
fruitiers qui parsemaient les collines verdoyantes ! Elle ne savait pas
qui avait imaginé ce tableau idyllique mais elle était à présent bien
aise d'en faire partie. La jeune femme était habillée d'une robe légère
en coton blanc. De gros bracelets de bois sombre sculpté ornaient son
poignet gauche et elle portait des spartiates en cuir brun, de la même
teinte que les bracelets. Elle croqua dans le fruit avec gourmandise.
Mmmmh c'était délicieux en plus !

Heureuse, la jeune femme s'allongea dans l'herbe douce et finit par s'y
endormir, ses cheveux faisant une couronne sombre à son visage serein.
La pomme glissa de sa main inerte et roula sur le côté.

Encore un jour de vente raté. Les affaires avaient été bonnes mais les libres avaient voulu du rebelle toute la journée. Le marchand n’avait vendu que ça et Ashmay se sentait un peu inutile. Devant l’air de chien battu qu’il avait, le négociant avait eu une bonne idée. N’Djamena avait suggéré un peu trop négligemment qu’il avait envie de manger une tarte aux pommes pendant que le Cornu était non loin.

L’inca avait donc demandé peu après s’il pouvait sortir. L’africain l’avait congédié du bout des doits : il était en train de soigner une nouvelle acquisition un peu mal en point. L’éternel panier d’osier fut donc empoigné et vécu une balade à travers la ville jusqu’aux vergers. C’étaient certes des quartiers chics mais tout le monde pouvait encore y aller. Il s’approcha des pommiers. Il se haussa sur la pointe des pieds pour attraper des pommes avant de passer à un autre arbre. Les fruits repousseraient d’ici à quelques heures.

Un autre arbre était un peu plus petit. Il n’eut qu’à hausser le bras pour s’emparer de la première pomme. Ce fut ainsi qu’il sentit quelque chose contre son pied. Il baissa le regard et vit un fruit qu’il cru avoir fait tomber de son panier. Il se pencha et le ramassa avant de voir qu’il avait mal fait sa cueillette et que cela avait déjà été entamé. Impossible de servir cela à un maître. Il regarda à gauche puis à droite et la mangea en remplissant distraitement son panier de deux autres fruits supplémentaires. Lorsqu’il eut terminé, il jeta la pomme dans l’herbe d’un geste souple. Il ne fit pas attention au fait que l bruit de rebond n’était pas celui de l’herbe.

[ais essayé de réparer ça mais ça bugue vraiment... bizarre... >.<]

http://fr.youtube.com/watch?v=XVnRzEjpUmE

[A regarder avant pour se mettre dans l'ambiance du rêve de la demoiselle. ^^]

Elena était sur Terre, il faisait nuit et la musique l'emportait. Une foule indistincte l'entourait, les couleurs éclatantes de leurs habits bigarrés tournoyaient autour de la jeune femme comme un banc aux écailles scintillantes. Les fumées la faisaient tournoyer plus vite encore et un sourire étira ses lèvres délicates alors que son corps s'offrait à une danse extatique, libéré de toute entrave. Sa conscience s'envolait aussi pour ne plus se soucier des réalités qui l'assaillaient et la souillaient au quotidien, tout cela n'importait plus dans l'instant et elle en était heureuse. Dans la foule, il lui sembla alors apercevoir l'éclair d'un visage connu et elle se porta vers lui, les bras ouverts dans l'intention d'attirer la silhouette vers elle. Mais ses doigts ne rencontrèrent que le vide lorsque celle-ci s'évapora dans un souffle léger et la foule continuait à valser autour de la jeune femme qui se retrouvait fort dépourvue de cette soudaine apparition. Elle sentit alors une caresse dans ses cheveux et se retourna. La main aimante se reporta sur sa joue pour en effleurer la douceur et les yeux se rencontrèrent, les regards se rivèrent. C'était ce visage là qu'elle avait poursuivi quelques secondes plus tôt et qui l'observait maintenant, si proche. Elena se perdit dans le regard bleu azur et pour ne pas perdre pied, elle se cramponna au rythme hypnotique de la musique, trop lointain maintenant. Et le visage adoré se rapprocha... Il allait l'embrassait, enfin, et elle ferma les yeux. Mais au lieu du doux contact humide qu'elle attendait et espérait, la jeune femme reçut un coup sur la tête.

***

" Aïeuuuuuh ! "

Elena ouvrit un oeil, puis l'autre pour voir ce qui avait causé ce réveil plutôt désagréable, au beau milieu d'un songe qui ne l'était point. Ce qu'elle vit la surprit, c'était une de ces personnes des époques passées. Le jeune homme tenait à son bras un panier rempli de pommes. La demoiselle se redressa sur ses coudes, les cheveux emmêlés et les joues légèrement rosies.

" Qui êtes-vous ? Cela vous amuse-t-il de réveiller les jeunes filles étendues à coup de pommes ? Parce que si c'est le cas, je peux vous assurer que cela ne leur est pas plaisant. Pas du tout. "

Un cri retentit. Ashmay regarda avec des yeux la pomme qu’il venait juste de détacher du fruitier. Il cligna plusieurs fois des yeux en tenant la pomme devant eux. Puis il regarda de nouveau le pommier puis la pomme et le regard se déplaça plusieurs fois de l’un à l’autre, très rapidement comme l’indiquait le mouvement alternatif de la corne. Il se demandait maintenant quel était le maléfice. Peut-être avait-il cueilli une pomme de ces contes de fées ? Y’a avait-il des pommes qui parlaient ? Non mais elle devait avoir été ensorcelée sans aucun doute ! Il faudrait qu’il le montre à son maître !

Il mit la pomme dans son panier et s’apprêta à en cueillir une autre. Alors qu’il approchait la main, il entendit la pomme lui demander qui il était. Surpris et terrifié, il sursauta en arrière, les fruits firent un bond dans l’osier. Et la suite vint. Réveiller une jeune fille à coup de pomme ? Il se tourna vers son panier avec des grands yeux terrifiés. Les sorcières faisaient des progrès dans les sortilèges ! Elles avaient transformées une princesse en pomme ! Il se mit à genoux devant et se prosterna avant de garder la pause. Il se trouvait donc vers la jeune française mais il ne l’avait pas vu l’attention fixé vers les fruits et les herbes cachant l’âme.

« Je suis désolé, madame ! Que… Que puis-je faire pour me faire pardonner de ma stupidité ? Je ne vous avais pas remarqué ! Je… Pour m’excuser, voulez-vous que je vous débarrasse du maléfice ? Je l’avais lu pourtant dans les pierres ce matin : mauvais augure ! Mauvais augure ! S’il vous plait ! »

Il restait donc là, nez contre l’herbe, tremblant, la demoiselle en arrière plan et les pommes entre les deux, au milieu.

Alors qu'elle était toujours allongée dans l'herbe, le personnage qui l'avait réveillé s'était mis à se confondre en excuses auprès du pommier, l'appelant même Madame. Le ridicule de la scène qui se déroulait sous ses yeux arracha à la fille un petit rire. Il était vraiment toqué celui-là. Toqué ou extrêmement stressé et craintif. Soyons sérieux: qui d'autre pourrait bien crier à la mauvaise augure et vouvoyer un arbre à la fois ?
Peut-être que c'était l'un de ces êtres qu'elle avait déjà croisé par ici, les seules qui semblaient aussi peureuses et angoissée que cet étrange individu: les esclaves. Il fallait croire que Schéol était resté quelques siècles en arrière de ce point de vue là. Il y avait un bon moment que cette pratique n'était plus tolérée sur terre aussi, Elena ne savait comment réagir lorsqu'elle la rencontrait. Fallait-il plaindre les esclaves, faire preuve de compassion ? Ou bien était-il préférable de rentrer dans le jeu e de s'accommoder de leur captivité ? Il faut avouer que la seconde possibilité était la plus facile et la plus tentante donc. Mais bon, la jeune femme avait le temps de trancher et de se faire une idée de la conduite à tenir vis à vis de cette nouveauté dans son mode de vie. Car il ne faut pas oublier qu'elle était du bon côté, celui des libres ( aisés en plus de cela ), et qu'elle pouvait très bien se faire offrir l'une de ces créatures par son cher Oncle si l'envie lui en prenait.

Mais pour l'instant, elle était une jeune fille comme les autres, allongée au soleil dans l'herbe verte des Champs Elysées et qui avait devant elle un authentique allumé ou un trouillard doublé d'un naïf. Et maintenant qu'il l'avait réveillée, il allait lui servir de distraction. Comme de toute évidence il ne l'avait pas encore remarquée, elle se releva en s'étirant avant de lui adresser de nouveau la parole.

" Tu as tout compris, je suis victime d'une terrible malédiction. Chaque fois que quelqu'un cueille une pomme sur cet arbre je heu... suis forcée de me matérialiser pour le transformer lui aussi en pommier afin de le punir. C'est pour cela qu'il y en a tant par ici vois-tu. Mais si tu arrives à me libérer de cette affreuse condition, je veux bien t'épargner. "

La jeune française adressa un regard énigmatique à l'Esclave. Après tout, elle avait bien le droit de se payer sa tête: il avait l'air d'être né pour ça.

Une forme humaine s'éleva devant lui. Il n'osa parler, complètement terrifié. Pour un peu qu'elle aurait eu une forme un peu moins humain, il se serait mis à trembler. Sans rien dire, il l'écouta parler pensant en même temps que les herbes lui faisait mal à force d'être à genoux dessus. Il était étrange de constater combien la peur permettait à l'esprit de faire attention aux plus petits et insignifiants détails. Ce qui en général n'était pas pratique pour Ashmay, c'étaient à ces moments là qu'il écoutait un peu moins bien ce qui faisait qu'il oubliait assez souvent un ordre et se faisait punir par la suite. Mais là, rien, il avait beau remarquer la raideur sur ces genoux des hautes herbes dans ce verger, il ne manquait pas un mot. A tel point que lorsqu'elle eut finie, il se lança littéralement vers elle. On eut dit un rugbyman essayant de plaquer quelqu'un sauf qu'au lieu de la plaquer il entoura juste ses jambes de ses bras et se mit à implorer :

"PITIE ! Je ferais tout ce que vous voulez ! N'importe quoi ! Ne me transformez pas en pommieeeeeeeeeerr ! Je vous en prie !"

Puis à moitié sanglotant, une étrange litanie aux intonations shamanique sortit de ses lèvres, appelant sur lui la bénédiction de Lötho le dieu de la chance et du hasard.

» Ashmay Cuhuac
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